Quand les doutes ont assailli la plongeuse olympique montréalaise Annie Pelletier à la veille des Jeux olympiques d’été de 1996 à Atlanta (Géorgie), elle a trouvé une inspiration auprès de son frère aîné, Michel.
Michel, qui a survécu, enfant, à une méningite, présente une déficience intellectuelle. Il s’est heurté à bien des difficultés en grandissant, jusqu’à ce que les sports lui « sauvent la vie ».
Au fil du temps, Michel est devenu un excellent quilleur – sa sœur l’a vu de ses yeux réussir huit abats d’affilée − et s’est joint à une équipe locale où il a trouvé acceptation, confiance et identité à l’extérieur de sa déficience.
« Durant mon entraînement en vue des Olympiques, j’ai bien sûr connu des moments difficiles où j’avais envie d’abandonner, je me décourageais, je doutais de moi », confie Mme Pelletier. « Dans ces moments-là, je me tournais vers lui, si passionné par ses quilles et par tout ce qu’il faisait. Ce qui le motivait, ce n’était pas l’appât d’une médaille olympique, mais seulement l’envie de devenir une meilleure personne. »
« Il m’a aidée à vivre dans le moment présent, à prendre une journée à la fois et à croire en moi. »
Annie Pelletier a persévéré et a réussi à décrocher le bronze en 1996, à seulement 22 ans.
Après sa retraite de la compétition, l’ex-plongeuse a eu du mal à trouver à quoi consacrer son temps par la suite, jusqu’à ce qu’Olympiques spéciaux Québec lui demande d’animer une activité de financement.
« Je suis tout simplement tombée en amour avec la cause, affirme-t-elle. Puisque le sport avait tant aidé mon frère, j’ai pensé que je ferais bien de promouvoir ce mouvement. »
Mme Pelletier se met alors à assister aux jeux régionaux et provinciaux; elle prend la parole aux cérémonies d’ouverture, va dire au revoir aux athlètes à l’aéroport, leur fait des discours d’encouragement et les applaudit durant leurs entraînements. Elle devient la « marraine d’Olympiques spéciaux Québec ».
« Elle mérite vraiment ce titre », explique Francine Gendron, directrice générale d’Olympiques spéciaux Québec. « Elle est toujours là pour donner un formidable exemple à nos athlètes. Ils ont beaucoup appris d’elle avec les années. »
Annie Pelletier estime qu’elle a reçu autant – sinon plus – des athlètes. « Ils m’ont vraiment sauvée », déclare-t-elle, se rappelant la transition pénible qui a suivi sa retraite de la compétition. « Grâce à eux, je me suis sentie utile; ils m’ont donné un sentiment d’appartenance. »
Son engagement dans le mouvement Olympiques spéciaux a également beaucoup appris à Mme Pelletier sur les personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle : « Ça m’a aidée à comprendre encore mieux mon frère et sa vie. »
Aujourd’hui âgé de 56 ans, Michel vit en foyer de groupe et joue toujours aux quilles tous les vendredis soir. Sa sœur passe le prendre à la salle de quilles; elle s’entend bien avec les copensionnaires de son frère.
Malheureusement, les Pelletier ne connaissaient pas Olympiques spéciaux quand Michel était enfant, ce qui explique pourquoi leur fils n’a jamais joué aux quilles dans le mouvement. Mme Pelletier est convaincue qu’il aurait grandement profité des programmes offerts : « Il aurait pu travailler son estime de soi et acquérir un sentiment d’appartenance bien plus tôt, estime-t-elle. »
Annie Pelletier, qui observe l’évolution de certains athlètes depuis 20 ans, a été aux premières loges pour constater l’impact d’Olympiques spéciaux.
« C’est fou comme le sport et tout ce qui vient avec – le transport, l’esprit d’équipe, les responsabilités−, tout ça fait d’eux des êtres humains si merveilleux et tellement plus autonomes », admire Mme Pelletier. « Ça leur donne les outils nécessaires pour prendre confiance, sourire et être fiers d’eux. »
Aujourd’hui mère d’un garçon de trois ans, Arthur, Annie Pelletier entend l’amener avec elle aux jeux et aux événements locaux pour qu’il devienne à son tour un champion de l’inclusion.
Faites un don à Olympiques spéciaux Canada aujourd’hui.